SAHARA-Déserts 6... quotidien, feu nourricier et fraîcheur d'un puits
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Sables, Regs...
et petites histoires
g r a n d s e s p a c e s...
Mohamed, le chamelier, s'arrête sans dire un mot lorsque nous croisons des petits buissons espacés, tout secs et rabougris au ras de terre et commence à leur arracher des brindilles mortes. Il les veut fines et bien sèches. Avec son habituelle économie des mots, il prend dans la maigre récolte que je ramène ce qu'il estime être encore trop gros et le jette " ça, c'est pas bon!" .... puis il prend un des tout petits rameaux qu'il me reste ... très pédago, le lève sans s'arrêter dans ses mouvements et sans me regarder "ça!!... il faut que ça chauffe vite et fort...il en faut beaucoup... beaucoup... plus loin il n'y en a plus..." et poursuit son ramassage...
Ce soir on fera donc un grand feu ?
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La caravane se remet en route ...
... sur notre gauche, la chaîne montagneuse du Djebel BANI
de l'autre côté de la vallée du Drâa
et de la dépression de l'IRIKI
Notre route est parallèle à cette chaîne
Et, heureuse découverte, le feu au bivouac du soir... à l'abri dans des petites dunes de confortable sable fin... vous savez quoi ?.... le bois... C'est pour la ... TAGELLA ! fantastique!...
Après le repas, à la nuit, sous les étoiles
sur des couvertures autour d'un feu finissant,
les paroles s'estompent peu à peu...
rêverie et engourdissement....
... vient tout naturellement le moment
où, la fraîcheur aidant,
chacun à son heure
se lève et part
dormir
...
Arrêt à un puits, les dromadaires n'ont pas bu depuis trois jours.
" Quand il fait froid, les dromadaires peuvent rester 5 jours sans boire ... mais 3 jours... c'est bien! "
Enfouis, les restes d'un abreuvoir en béton armé, construit par quelqu'un qui voulait croire en la stabilité des sables...
Pour le guide, il suffit d'un petit trou, un morceau de vieux plastique rigide maintenu avec des pierres, le tout trouvé sur place... ma kayn mouchkil...
Mustapha, notre guide, se charge de mon éducation :
Chaque dromadaire a sa propre morphologie et son propre tempérament. La composition d'un équipage n'est pas fixe, ç'aurait pu être un autre guide ou un autre chamelier ou d'autres dromadaires. Par contre, dit Mustapha : " ces trois dromadaires, ils travaillent toujours ensemble parce-que tu les mets pas n'importe comment. Il faut faire une bonne équipe. Il faut un chef... et le petit, tu vois, il est méchant, mais avec ce chef, il marche bien, il obéit... ce chef, il est très grand, très fort, il peut porter beaucoup et il est très gentil ... moi, je l'aime beaucoup...l'autre, le moyen, est très calme... tous les trois, ils travaillent bien ensemble... je les connais bien, je pars souvent avec eux... je suis content quand je me retrouve avec eux ... c'est une bonne équipe, ils sont sympas... "
J'apprends aussi qu'à la saison des amours on ne part qu'avec des mâles car si des femelles suivaient, les mâles se battraient..."et tu ne pourrais plus commander ta caravane, je t'assure !..."
À chaque départ, Mohamed, le chamelier, attache à sa ceinture la corde qui le relie au dromadaire de tête que les deux autres suivent sans problèmes. À la courte pause du milieu de l'après-midi, il prend ses aises sans détacher cette corde... étrangement, ces imposants bestiaux restent à ce moment-là aussi passifs qu'une breloque.
Autant Mohamed que Mustapha, j'ai vu chacun d'eux avoir à un moment ou un autre des gestes vraiment très affectueux pour les dromadaires, des instants câlins où affleure clairement la tendresse qu'ils peuvent éprouver pour ces compagnons de route.
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du carnet SAHARA la TAGELLA
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