La Banque Culturelle de FOMBORI, contre le pillage
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Fombori,
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Je veux, à Fombori, voir le musée Dogon dont le guide m'a parlé comme d'un lieu de grande authenticité pour sa propre culture. Fermé ... Il faut d'abord, à travers le village, retrouver celui qui s'en occupe.
À l'entrée, sur une petite table, un registre ouvert, grand cahier dans lequel j'inscris à la suite de bien d'autres, mes nom et prénom, ma nationalité, la somme que je paye... dans des cases en lignes soigneusement préparées à la règle et au stylo.
La visite est guidée et commentée par celui qui nous a ouvert le musée. En le comptant, nous voilà 4, mon guide Oumar, un ami à lui qui a souhaité nous accompagner, guide lui-même, croisé au campement du Gourma (et membre de l'association des guides) et sans client aujourd'hui, plus moi. Autant dire visite confidentielle.
Sous le faible éclairage, des statuettes rituelles de bois, des statues plus grandes, des bogolans, bijoux, poteries mêlés à des objets traditionnels du quotidien... Tout chargé de significations, une ambiance de sanctuaire, comme un reliquaire des us et coutumes Dogons dans un village maintenant fortement islamisé.
Musée ou banque?...les deux!... et voilà un remarquable fonctionnement que je m'en vais vous exposer rapidement:
Tout démarre par l'action d'un groupement de femmes de Fombori, sous l'impulsion de sa présidente Aïssata Ongoïba. Cherchant des sources de revenus, elles commencent en 1993 à organiser des expositions-ventes d'artisanats locaux adressées aux touristes... Une bonne idée qui amène plus tard les villageois à construire un bâtiment pour abriter ces expos. La future "Banque Culturelle de Fombori" est née. En 1996, elle est pleinement effective avec ses trois volets, 1ère banque culturelle du Mali, inaugurée en 1997.
Institution villageoise, la Banque Culturelle est à la fois Musée, caisse de micro-crédit et centre de formation. Les villageois qui souhaitent emprunter de l'argent à cette caisse déposent en échange et en prêt un objet culturel qui vient enrichir les collections du Musée. L'argent emprunté doit être réinvesti dans un projet rémunérateur. Mais aussi...
"Par la même occasion, ils peuvent bénéficier de formation en gestion et d'un perfectionnement en artisanat afin de répondre de façon durable et efficace à leurs besoins de développement social, culturel et économique et, par conséquent, améliorer leur niveau de vie." *
L'objet revient à son propriétaire quand l'emprunt a été remboursé. Durant toute la durée du prêt de l'objet, son propriétaire peut venir le chercher pour l'utiliser dans les rîtes célébrés et le ramener après. Toutefois, si un emprunt n'a pu être remboursé, l'objet engagé restera la propriété du musée (avec un taux de remboursement d'environ 93%).
En développant des activités génératrices de revenus, la banque culturelle assure un autre de ses principaux objectifs : mettre un frein au pillage du trésor culturel du pays, lutter contre la dispersion et le trafic (fléaux qui ont débuté avec les 1ers explorateurs, puis les intérêts des musées coloniaux et autres convoitises de collectionneurs ou trafiquants).
"Dépositaires d'une riche tradition culturelle, les populations rurales sont aujourd'hui confrontées à une pauvreté endémique qui s'accentue lors des sécheresses récurrentes. Pour faire face à ces crises et se procurer des ressources financières, elles ont très souvent recours au pillage des sites archéologiques ou à la vente de leurs objets au profit des collectionneurs d'objets d'art..." *
* extraits d'un article de Aldiouma Baba Mory Yattara, très intéressant que je vous recommande vraiment de prendre le temps de lire:
"Les banques culturelles du Mali, une expérience porteuse d'espoir" Aldiouma Baba Mory Yattara : http://www.sudplanete.net/index.php?menu=arti&no=6724
Ainsi, quand nous leur avons dit au village notre intention d'aller jusqu'aux anciens cimetières Tellems, des vieux, inquiets et contrariés de nous voir partir vers les rochers, nous imposent-ils l'escorte de jeunes garçons, bien que mes deux acolytes soient eux-mêmes Dogons, respectueux et familiers de l'endroit...
Ossements mêlés, d'un autre temps, déposés générations après générations, dans des ruines haut perchées, escamotées par une roche complice.
Mais aussi, pour les Dogons, présence tutélaire et vénérée de leurs prédécesseurs TELLEMS ...
Bizarrement, l'atmosphère y est plutôt paisible, très éloignée d'une sensation morbide... J'ai du respect pour ces vieux os blanchis qui veillent là depuis des siècles...
... pureté de l'air... beauté du paysage...
Le frisson un peu crispé, ce n'est pas là qu'on peut l'avoir...
Par contre, avec le boucher du village, au coin d'un chemin sur le retour... là, peut-être... animal fraîchement tué, et à ce titre bonne et saine viande appréciée par l'ami de Oumar qui en profite pour faire son marché.
Au campement du Gourma... un petit mot sur "les Amis du Gourma", association d'une trentaine de guides de la région, fonctionne comme une mutuelle qui gère le restaurant, le campement-hôtel, propose des circuits et apporte grâce à une caisse commune un petit revenu aux guides temporairement sans travail... indispensable union là aussi pour pouvoir subvenir aux besoins de chacun.
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