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Roots Voyage et Retours
5 mars 2009

Des femmes et des hommes contre l'excision, Mali

avant_dogonpage précédente:
SONGHO,
la grotte des circoncisions
peintures rupestres et rituels

 

 

 

A la fin de mon message précédent, je vous disais ceci:
"Au Mali,"92% des femmes de 15 à 45 ans sont excisées et 80,3% des maliens pensent que cette pratique doit être maintenue"

L'importance de ces chiffres montre combien cette pratique est profondément ancrée dans les représentations intimes de l'homme comme de la femme maliens (pas que maliens... en Egypte, par ex.,le pourcentage de femmes excisées est de 97%...).

J'ai lu dans Malikounda... :
Une exciseuse est payée 1000 à 1500 Fcfa.
Pour mesurer, une bière coûte 1000Fcfa, une bouteille d'eau 1000 à 1500 Fcfa.

 

Scellées 3_extrait
       Avec l'autorisation de Anne PhilomèneROLLIN

La lutte pour l'éradication de l'excision passe par une information, une éducation et une réflexion qui interviennent sur ces représentations et  en conséquence changent les comportements...

 

fille_grillage

fille1 fille5
fille3 fille2

 

Malgré le poids des tabous, des femmes mais aussi des hommes s'impliquent. Ainsi le chanteur TiKen Jah Fakoly, d'origine ivoirienne, qui vit à Bamako explique son engagement dans cette interview :

 

Je vous invite aussi à écouter sa chanson "non à l'excision" en visionnant le clip qui l'accompagne ICI (soyez rassurés, regardable jusqu'au bout).

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L'EXCISION... c'est quoi?
Définitions et conséquences

J'ai choisi, dans cette page, de donner la parole à des personnes informées et déjà au travail sur le terrain. J'espère que vous n'en serez pas gênés dans votre lecture... il vous faut cliquer sur les liens...

Voici la définition de l'excision donnée par la très officielle OMS, dans l'aide-mémoire n°241 (mai 2008):
Mutilations sexuelles féminines

où sont aussi abordées les conséquences sanitaires et psycho-sociales de cette mutilation.

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Femmes et Hommes contre l'excision au MALI

Pour faire changer les mentalités, les actions du PNLE (Programme National de Lutte contre l'Excision)s'attachent à sensibiliser des groupes influents et acteurs au niveau communautaire: médecins, enseignants, juristes, politiciens, chefs religieux... Il effectue un gros travail d'information et de formation qui prend aussi en compte la "prise en charge médicale, Psycho-sociale et juridique des complications liées aux MGF". Avancée immense.

Pour l'instant, et bien que les gouvernants soient favorables à l'éradication de ce fléau (le PNLE est une instance gouvernementale), aucune loi interdisant cette pratique n'existe au Mali.

La pression sociale est très forte. Sous le poids de la tradition, les femmes elles-mêmes acceptent l'excision comme un aspect nécessaire et même naturel de la vie. Elles ont intégré les raisonnements qui la justifient.
Une femme non excisée est considérée comme impure et donc pas mariable.
Les mères, tout en reconnaissant les douleurs infligées aux filles, font le choix de leur garantir une place reconnue dans la communauté.

Khady_Koita_EKarmiolVoir ce court témoignage (bouleversant) de Khady Koita(clic!) dans ce document vidéo de Radio-Canada...(soyez patients, elle intervient à 2'16).
Khady Koita, d'origine Sénégalaise, vit actuellement en Belgique. Elle a écrit un livre, publié chez Oh!Edition : "Mutilée".
Elle est la présidente du Réseau Européen de Lutte contre les Mutilations génitales.

 

campagne d'information sur l'excision à destination des accoucheuses MaliDes associations de femmes au Mali, avec ou sans l'aide d'ONG, se sont attelées avec conviction et courage à divulguer auprès des communautés les connaissances qui peuvent convaincre de l'inutilité, du non-fondement (religieux ou sanitaire) et des dangers de cette mutilation, en s'aidant de dessins ou de maquettes en plâtre.  Elles essayent d'y associer prioritairement les accoucheuses, souvent également exciseuses, comme dans cette photo d'une réunion d'information destinée à des accoucheuses.

 

Yaiguere TembelyEn Pays Dogon, l'Association YA-G-TU est très active. Elle a été fondée par Yaiguere TEMBELY(photo), dit "Fifi" à Bandiagara. Femme agronome, à travers son travail dans la brousse, elle a constaté que les troubles de santé des femmes qu'elle a rencontrées, fréquents, sont pour une grande part consécutifs à l'excision subie par ces femmes. De là son action...

 



YA-G-TU: le raccourci de "Yam Giribolo Tumo"... on peut traduire "Association pour le Droit des Femmes". Son action autour de la mère et de l'enfant est globale:

Domaines  d'Intervention :

- La Santé
- L'Education
- L'Agriculture
- La micro finance
- La gouvernance démocratique
- Le droit de la famille, de la femme et de l'enfant
- L'Environnement


 Un TUMO  en Dogon, c'est un groupe social. Les TUMO structurent l'organisation traditionnelle de la société Dogon. A l'intérieur d'un même tumo les liens entre membres se doivent d'être très forts (ainsi le tumo des enfants circoncis la même année... voir message précédent)



Comment intervient YA-G-TU:

Association de femmes qui parcourent les villages à moto pour assurer des réunions d'information, pousser à la discussion.(sortir du silence a été la première victoire)..Elles organisent aussi des réunions pour les hommes.
Yaiguere Tembely a compris que les exciseuses qui abandonnent leurs "couteaux", abandonnent aussi un statut social dans lequel elles étaient reconnues et un gagne-pain. Aussi, elle a développé toute une action pour que ces femmes puissent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille à travers une nouvelle compétence (petit restau, bogolan ,...)

Plus de précisions :

http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia%3D/Medianet/2009/CBF/Desautels200901301605_1.asx

Mali, des Femmes contre l'excision

ya_g_tu

 Cette lutte ne pourrait aboutir si les hommes ne la prenaient aussi à leur compte. Des professionnels de la santé, des chefs religieux, des intellectuels, des gens du spectacle...et des hommes simples.


jean_guindoIci, je veux saluer Jean GUINDO, homme simple et bon, propriétaire du discret campement GUINNA DOGON dans le village d'Idjely Nâ, au pied des falaises Dogon, où j'ai passé une nuit.
Je mesure mieux maintenant ce que représente dans son village sa prise de position en tant qu'homme, en faveur de la disparition de l'excision et ce qu'il a dû surmonter de tabous pour soutenir l'association YA-G-TU. Je mesure mieux aussi ce qu'il doit dépasser quand il vient demander à une femme, quand bien même elle serait occidentale, un soutien financier pour aider à cette lutte, car ça lui demande de parler de ce qui était indicible... Je n'avais pas conscience de tout cela quand il est venu me trouver avec un grand cahier à carreaux au nom de YA-G-TU... on y écrit dans des colonnes tracées à la règle, son nom, son adresse, la date et la somme qu'on confie à Jean GUINDO pour l'association plus une signature.

...et mon guide ?... de ce que j'ai compris de ses positions à SONGHO, j'ai pensé avec optimisme qu'il ne m'avait pas amenée dans ce campement-là par hasard.


Pour finir, un mot des griots... très efficaces pour transmettre la parole...
Ainsi que les "tons", sociétés qui fabriquent les masques...
Ces personnages et groupes ont un rôle important à jouer...

fesmamas_banner_1

Ainsi,conscients de cela, les organisateurs du festival FESMAMAS de marionnettes et masques de MARKALA (46km au N. de Ségou, sur la route de Niono) ont 2 années consécutives dédié leur festival à la lutte contre les MGF, en 2006 et 2007.
Le festival a lieu au début du mois de mars mais se prépare très sérieusement en amont avec tous les participants.
Par exemple en janvier 2007, un séminaire de formation des troupes participantes réunissait 25 troupes participantes et 12 associations. L'animation en était assurée "...par des médecins, des sociologues, des communicateurs, des exégètes religieux, des leaders de mouvements associatifs et des artistes..."

Les spectacles élaborés pour ce festival ont ensuite circulé...

Pour les personnes intéressées, voici deux documents PDF:
Séminaire de formation des troupes participantes/Markala 2007

FESMAMAS, Markala, Rapport final (2007)

Les résistances restent toutefois encore très fortes même au plus haut niveau de la société malienne. Voici ce qu'écrit dans le quotidien "les échos" Mr Diop, président du club de Markala à l'origine du festival, le 6 mars 2007:

"...Etrange qu'après 10 éditions et 13 ans d'existence, les organisateurs du plus vieux festival du Mali en soient encore à se demander chaque année comment boucler leur budget."

"...suite aux promesses tenues par [le ministre de la culture] aux Markalais le 3 mars 2006, les organisateurs ont remis le dossier du 11e Fesmamas au ministre en fin avril 2006. Déjà. Mieux, ils ont élaboré un deuxième dossier pour le Psic (dépendant du même ministère de la Culture) : les "experts" dudit Psic ont trouvé un argument béton pour déclarer le 11e Fesmamas inéligible au fonds du Psic. Cet argument ? Je vous le donne en mille : parce qu'il est dédié à la lutte contre l'excision, le 11e Fesmamas ne serait pas un projet culturel, mais un projet socio-sanitaire."

Intégralité du texte (PDF):Réticences et difficultés financières

 

Malgré tout, je veux croire que toutes ces forces conjuguées dans la lutte contre l'excision ont mis en marche au Mali une évolution qui s'annonce inexorable...


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