SONGHO, la grotte des circoncisions, peintures rupestres et rituels
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Entrée dans le Pays DOGON,
Songho
Dans cette page :
L'accès aux grottes
Au-dessus du village de SONGHO, les guides locaux amènent les touristes sur une plate-forme bordée de grottes, lieu cérémoniel où des générations de garçons ont été et sont toujours circoncis...
On parle, dans les guides touristiques, des peintures rupestres de SONGHO...
Il n'est question que des garçons... j'y reviendrai plus loin.
Pour l'heure, je goûte le plaisir de ces ruelles épaulées de banco, pentues, mi-sable, mi-éboulis, qui nous conduisent vers le haut du village.
Ah!...oui... que je n'oublie pas de vous dire : les photos s'ouvrent avec bonheur dans plus grand quand vous cliquez dessus.
Par exemple, tiens!... la petite échelle de bois, caractéristique, qui permet d'accéder aux terrasses (ph. de gauche)...elle vous le rendra bien.
Montons, et d'en haut...
un coup d'oeil sur le village...
Vu d'en haut, depuis la plate-forme,
je me représente mieux l'organisation du village
et l'architecture Dogon,
maisons à terrasses et greniers.
(voir message précédent "SONGHO", lien en haut de page)
Bien sûr!... en cliquant dans fotos pour y voir mieux ...
A la périphérie du village, au centre d'une place, un nouveau puits à côté de l'ancien (détail ph. de gauche).Règles d'hygiène de plus en plus répandues pour préserver la qualité de l'eau : les villages se dotent, souvent avec l'aide d'associations, de puits construits sur des estrades de béton. Il est interdit d'y marcher autrement que pieds nus... Menaces d'amendes de 1000Fcfa aux contrevenants.
Une grande mosquée dans ce village important
en grande partie islamisé...
Pourtant, ce n'est pas dans la religion musulmane que les Dogons vont chercher les justifications à la pratique de la circoncision. Elle existait avant l'islamisation et trouve ses racines symboliques dans les très complexes mythes Dogons.
Peintures et Rituels
CIRCONCISION
Idéogrammes, symboles, animaux totémiques
et représentations des Masques...
3 couleurs hautement symboliques pour les Dogons:
(d'après Oumar, le guide Dogon qui m'accompagne)
le rouge, pour le sang (force vitale)
le blanc, pour la spiritualité
et le noir pour la terre, fécondité, fertilité
et aussi hospitalité.
Le blanc, kaolin ou bouillie de mil... le noir, cendres... le rouge?... j'ai oublié... Terres rouges?... j'ai entendu parler ailleurs, pour teindre les pagnes des danses des masques, d'un rouge tiré de tiges de mil rouge...
à lire (liens):
- "Peintures rupestres récentes du Bassin du Niger", Alain GALLAY (dans "le journal de la société des Africanistes" 1964)
- "L'Auvent Desplagnes" Géraldine PREVOT (Auvent Desplagnes, autre nom donné à l'auvent de SONGHO... KONDI PEGUE, je crois, pour les Dogons).
C'est ici... une pierre, un enfant...
Il faudrait ne pas pleurer, ne pas crier.
Le guide local donne des explications sur le déroulement de la "cérémonie"...(dans les liens donnés dans cette page, des tas d'infos et détails pour en savoir plus).
à lire (lien):
- "Les Rites de Circoncision chez les Dogons de Sanga" Michel LEIRIS, André SCHAEFFNER (dans"le journal de la société des Africanistes" 1936)
...Dans la toujours très vivante mythologie Dogon ,qui explique l'origine du monde, la dualité homme-femme tient une grande place. Présente dans chaque individu, et nécessaire à la vie... mais pourrait bien être source de conflits...
Alors voilà... de ce que j'en ai compris à-travers quelques lectures, enlever le prépuce, petite peau souple et molle, donc d'essence féminine, serait enlever aux garçons cette part de féminité qui pourrait les mettre en conflit avec eux-mêmes.
Ce n'est qu'à cette condition qu'ils deviennent des hommes. Changement de statut social important. Considérés, à ce moment-là, ils rejoignent les adultes.
Quant à mes deux guides, quand je les questionne, il leur suffit que le Nommo ait ordonné un jour que tous les garçons soient circoncis. Nommo?...Difficile à cerner pour moi... de ce que m'en dit Oumar, je me le représente comme un ancêtre-esprit fondateur un peu dieu, toujours bien vivant et, me semble-t-il, trivialement présent, inquiétant et familier dans le monde de mon guide.
Mes questions sont directes: "Que se passe-t-il si un enfant pleure? Toi, dis-moi, as-tu eu très mal? as-tu pleuré?"... Le silence accompagné d'un sourire qui s'excuse du guide local, la réponse spontanée, sortie du coeur, de Oumar relativisent la théorie.
... des jeux, ensuite, pour détourner de la douleur... de l'effroi?...
Depuis l'extrémité de la plate-forme, courir et mettre le premier son doigt dans le cercle cible...
Lancer le plus loin possible une pierre...
... et puis, des chants, rituels, enseignés là et pendant la convalescence et rythmés par les sistres.
Les sistres: instruments de percussion, faits de calebasses cassées et entières. Ils servent uniquement pour les nouveaux circoncis.
Songho fait exception... Un des rares lieux
où les sistres sont conservés,
entreposés dans les grottes,
et ré-utilisés.
Ailleurs, le plus souvent, les sistres sont brûlés
à la fin de la période de convalescence (et initiation).
Le T U M O
Les nouveaux circoncis sont pris en charge par les circoncis de la vague précédente. Vont vivre ensemble pendant +/- 3 semaines. Les garçons circoncis en même temps forment un groupe appelé "TUMO", à l'intérieur duquel chacun se doit respect et assistance jusqu'à la mort.
Pendant la 1ère semaine, pour le nouveau circoncis, croiser un garçon non-circoncis ou une femme est tabou, à fortiori si cette femme est sa mère...
J'ai vu, sur ma route, plusieurs de ces groupes d'enfants, vêtus de tuniques mi-longues de grossière toile grise,. Ils chantent pour demander l'aumône, puis pour remercier.
*******
... sous l'auvent KONDI PEGUE, je pose une question: "...et les filles?... qu'est-ce qui se passe pour les filles?"
Réponse du guide local, un peu contrarié mais encore courtois: "Pour les filles, il y a un endroit pareil, un peu plus loin, par là...". avec un geste vers la gauche, dos à la grotte.
"On peut le visiter?"... ça, non!...impossible!... "mais, c'est pareil pour les filles... c'est la même chose..."
"Pareil?... Avec des peintures?"... Ah, non!...pas avec des peintures!
Excision... pareil? Une discussion s'installe entre mon guide personnel, intéressé et bourré de questions, et moi. Je parle des conséquences simplement sanitaires de l'excision, je parle aux deux... ça ne fait pas l'affaire du guide local, rembruni. Il trouve qu'on n'a pas besoin qu'il soit là pour avoir cette discussion et nous le dit, et puis ça fait longtemps qu'on est là, et puis peut-être qu'il a des clients qui l'attendent et qu'il perd de l'argent... Allez! on redescend.
De ce lieu à Songho destiné à l'excision des filles, je n'ai trouvé aucune mention écrite... silence.
Au Mali,"92% des femmes de 15 à 45 ans sont excisées et 80,3% des maliens pensent que cette pratique doit être maintenue" d'après la présidente du PNLE (Plan National de Lutte contre l'Excision) Mme K. Joséphine TRAORE, interview réalisée par le quotidien l'Essor, le 06/02/09.
... La page suivante pour aller voir du côté des filles... à suivre
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